Les fromages AOP/IGP souffrent en période de COVID-19
Les baromètres de la profession fromagère (fromages AOP/IGP) se suivent et se ressemblent. En cette période de crise sanitaire mondiale, le comportement des consommateurs a fortement changé. Jusque-là, rien de très surprenant.
En effet, jusqu’au 16 mars, nous menions une vie trépidante. Consacrant peu de temps aux pauses de midi, généralement à l’extérieur du foyer, et également à faire les courses. Et nous voilà confinés à la maison, avec les enfants, eux-aussi privés des services de restauration scolaire.
Impact de la crise sanitaire sur la profession fromagère
Si l’on rajoute la baisse d’activité de plus de 90% des trois plus grandes entreprises de catering en France. Il est logique d’observer l’effondrement de la production de fromages spécialisés RHF (Restauration Hors Foyer) à son plus bas niveau historique.Parfois cela impacte les ateliers de conditionnement seuls. Finis les vracs en grands volumes, ou les portions individuelles… retour aux formats familiaux. Cela peut même impacter la transformation de la matière laitière. Obligeant les laiteries à orienter le flux entrant, en pleine période de lactation, vers d’autres débouchés… Parfois devenus encombrés par l’excès de produit : matière grasse, lait en poudre. La RHF représente cependant 30% des ventes de fromages en France, d’après les dernières études de marché XERFI publiée en 2019. Depuis deux mois, nous constatons que les 70% restants subissent également l’impact d’arbitrages au niveau des foyers.
Changements dans les habitudes de consommation
Les points de vente en sont la première raison. Au début du confinement, les crèmeries en ville ont largement fermé, et les marchés ont aussi beaucoup réduit leur activité. Les bancs des crémiers sont souvent restés fermés. La consommation s’est donc essentiellement retrouvée dans les linéaires de la GMS (Grande et Moyenne Surface) , où les rayons fromageries étaient souvent fermés.
La seconde raison, c’est que l’anxiété, les conditions d’accès à la GMS et la difficulté à instaurer les mesures barrières, ont réduit à néant « l’acte plaisir » à l’achat. Dans un climat de suspicion, les fromages emballés, unitaires, ont tiré leur épingle du jeu. Absorbé une partie de la croissance du rayon fromage en GMS. Les autres gagnants sont les fromages à pâtes pressées cuites, emmental en tête, qui croissent de 32% dans le baromètre du magazine « Process Alimentaire ». A croire que le plat de saison en période de confinement était les pâtes au fromage…
Malheureusement, les fromages AOP/IGP se retrouvent en retrait, avec des conséquences parfois difficiles pour les producteurs. Quand les dons aux personnes en difficulté ne suffisaient plus à absorber les surplus, ce sont plus d’une centaine de tonnes qui ont été détruites.
Des mesures exceptionnelles de stockage de caillé congelé ont été prises, et des modifications de la traite des petits animaux ont pu limiter les flux de matière à l’entrée des laiteries. Ces mesures affecteront la rentabilité des exploitations, et à plus long terme, l’activité de production en période hivernale à venir.
Perspectives d’avenir et appel à la reprise de la consommation
Il est donc temps que la consommation reprenne, que les français retrouvent le chemin de leurs crèmeries, des marchés. Afin que nous retrouvions tous le plaisir de partager les spécialités de nos terroirs, pour soutenir à nouveau les producteurs, petits et grands, protecteurs d’un savoir-faire séculaire. Ensuite, l’export reprendra aussi ses droits, pour le plaisir des consommateurs des fromages du monde. Servi Doryl, s’associant aux actions prises par le collectif #fromagissons, soutient les producteurs, transformateurs, affineurs et distributeurs des fromages AOP/IGP.